Un Psy et Coach à Nantes et Paris
Frédéric LE MOULLEC
Un Psy et Coach à Nantes et Paris
Frédéric LE MOULLEC
Pourquoi je suis humaniste
Nous sommes l’espèce ambiguë, à la fois humaine et animale. Une espèce d’espèce, pourrait-on dire. Nous aurons très longtemps encore, peut-être même à jamais, à conjuguer cette ambiguïté. Le mot “ambiguïté” vient du Latin “ambigere” qui signifie “pousser de deux côtés”. Et de ce hiatus, qui peut aller jusqu’au gouffre et à l’abîme parfois, nos souffrances morales et notre mal-être. De là, notre «inquiétude d’être au monde». D’un côté, le “petit animal” effrayé par ce monde qui le dépasse, de l’autre le “grand homme” capable d’affronter le monde dans toute sa complexité, et même de le “déplacer”. Au milieu du gué, l’être humain, tiraillé, parfois déchiré par ces deux forces qui poussent chacune de leur côté. Il n’y a pas de position plus inconfortable que d’être au milieu du gué. Quelle rive faut-il rejoindre ?
Mon expérience professionnelle, comme personnelle, me montre que c’est toujours d’un manque d’humanité, en définitive, dont on souffre. Car on devient plus humain qu’on ne l’est d’emblée (on peut refaire toute l’histoire de l’espèce humaine en observant les différentes strates “géo-biologiques” de notre cerveau), et comment appréhender une vie (humaine) tellement déracinée, si éloignée de sa nature, avec le regard de l’animal ? De là que la plupart de nos souffrances psychiques trouvent leur origine dans notre enfance, à un âge où notre cerveau et notre système nerveux sont encore loin d’être matures, en particulier la part la plus humaine de notre cerveau, celle qui nous fait véritablement humains : le cerveau préfrontal. Nous sommes humains, oui, mais pas (encore) assez humains.
Être humain c’est s’ouvrir (découvrir et intégrer), douter (nuancer et relativiser) et se faire confiance (réfléchir et s’individualiser). Et cent fois sur le métier remettre son ouvrage. En une phrase : chercher (et non pas obligatoirement trouver, car l’essai prime toujours sur la réussite) le sens de SA vie (LA vie, ce serait insensé, mais pourquoi pas, après tout !). Et c’est avoir peur, ressentir l’inquiétude, la colère, le découragement, forcément, car il serait illusoire de croire à une humanité pleine et entière en toutes circonstances. Mais ce n’est pas parce que l’on n’y parvient jamais tout à fait qu’il ne faudrait pas continuer à la rechercher.
Être humaniste, c’est être dans cet essai-là (s’ouvrir-douter-se faire confiance), le plus souvent possible, pour nager vers la rive de l’humanité et vivre le plus pleinement possible, le bon comme le mauvais, qui existera toujours, « ne serait-ce que pour donner l’exemple », s’apaiser, et inviter autrui à faire de même et lui permettre de s’apaiser, peut-être, lui aussi. Plus on est de fous, plus on rit, dit-on ! Et accepter d’avoir peur, sans se soumettre, en se tenant dans l’inquiétude.
Mais être humain commence déjà par faire preuve d’humanisme envers l’animal qui est en chacun de nous, même dans ses formes les moins glorieuses, « ne serait-ce que pour (lui) donner l’exemple » !
J’ai choisi d’être humaniste parce que c’était bon pour moi. Et je me suis dit que si c’était bon pour moi, ce devait être bon pour les autres. C’est bon pour nous tous, qui formons cette même espèce, espèce d’espèce, l’espèce humaine. C’est le sens de ce que nous sommes, de notre histoire, de notre évolution. Et il nous reste tellement, encore, pour devenir ce que nous sommes, humains. L’humanité est notre destinée, mais la destinée n’est pas le destin, elle n’est jamais sûre.
Photo : peinture de Justine Nessi, passionnée par les visages humains, dont vous pouvez apprécier quelques œuvres ici
vendredi 8 juin 2012